Il y a un an quasiment jour pour jour, j’ai arrêté de bosser à Rockstar pour me lancer à mon compte. Cela faisait des années que je faisais des jobs un peu pourris, des jobs durs où j’étais très mal payée et où on ne me traitait pas forcément très bien. Mon véganisme ne m’aidait pas non plus, surtout dans le milieu de la restauration où j’étais parfois carrément maltraitée. Pourtant, j’ai étudié la musique pendant des années, je savais un peu dessiner, je faisais déjà des bijoux, mais j’ai toujours essayé de trouver du travail dans d’autres branches par peur d’échouer dans celles que j’aimais. Au fond de moi, je me disais qu’il fallait que je tente d’utiliser tout mon potentiel pour m’en sortir. Je n’avais jamais osé le faire auparavant par manque de confiance en moi et surtout pas peur de ne pas y arriver, de ne pas être à la hauteur. Alors oui, il y a un an, j’ai pris la décision que je ne ferais plus un job que je n’aime pas ou dans lequel je me sens vraiment très mal.
Ce fut une décision difficile surtout pour moi qui suis une vraie trouillarde et qui ai énormément de mal à me retrouver seule, à démarcher, à m’organiser. Le premier mois, j’étais vraiment très motivée, j’avais enfin du temps à consacrer à mes bijoux, je m’étais lancée dans un petit projet de bougies véganes pour Noël, j’allais enfin m’améliorer en dessins… J’ai fait mon site de harpe pour les mariages, j’ai essayé de m’inscrire en tant que prof de harpe sur différents sites. Bref j’étais lancée ! Mais le mois suivant, je suis un peu tombée de mon nuage. Je ne vendais rien, je n’avais pas de nouvelles demandes pour des mariages et encore moins pour de nouveaux élèves en harpe. Financièrement, mes poches commençaient à se vider et je culpabilisais beaucoup de ne plus pouvoir participer autant qu’avant. L’hiver arrivant aussi à grand pas, les journées étant plus courtes et étant enfermée à longueur de journée dans mon appartement, j’ai commencé à me sentir très seule et à angoisser. Ce fut une mauvaise période pour moi, je me sentais nulle, j’avais la sensation que ce que je faisais n’avait pas de sens et j’avais juste envie de tout abandonner. Mais je m’étais promis que plus jamais je ne ferais quelque chose que je n’aimais pas et c’est comme ça que j’ai tenu.
En janvier, ma situation s’est mise à décoller un peu, surtout au niveau de mes cours de harpe. Moi qui pensais que je ne ferais ça que parce que j’avais besoin d’argent, j’ai vraiment commencé à apprécier transmettre ma passion et je crois que j’y ai pris carrément goût ! Et puis j’ai eu quelques autres demandes pour jouer à des mariages, je me suis mise à dessiner beaucoup plus car je voulais vraiment devenir meilleure. Mon conte, celui sur lequel j’ai bossé pendant quasiment 2 ans et que j’ai finalement abandonné m’y a beaucoup aidé. J’ai travaillé dessus avec acharnement et passion pour finalement le mettre de côté. Ayant énormément progressé en dessin, ceux du début de mon conte ne me plaisaient plus et je ne me voyais pas tout recommencer pour la 3ème fois.
Au cours de l’année, j’ai eu encore plus d’élèves. Etant la seule prof de harpe dans le Lincolnshire, je n’ai pas beaucoup de concurrence. J’ai joué à 5 mariages pendant l’été, ma boutique de bijoux fonctionnait plutôt bien. Puis en août, j’ai vu cette annonce sur Facebook d’un café vegan/végétarien qui voulait recruter un cuisiner à mi-temps. Sur le coup, je me suis dit que non, c’était une mauvaise idée, je ne voulais plus travailler en cuisine et encore moins pour quelqu’un. Et puis en y repensant, je me suis dit que ce ne serait peut être pas une mauvaise idée de trouver un job, l’hiver serait bientôt là et même si je suis une personne qui a du mal à s’intégrer en groupe dû à mon manque de confiance, j’avais envie de retrouver une vie sociale et de voir des gens. Sans oublier que pour la première fois de ma vie, j’allais peut être enfin avoir l’opportunité de travailler dans un milieu complètement végétarien/vegan avec des gens passionnés par les mêmes choses que moi et ayant les mêmes convictions !
Vous le savez, j’ai décroché le job ! Bien que l’endroit soit super mignon et les gens qui y travaillent très sympathiques, c’est un peu (beaucoup) le bazar là-bas dû au manque de place et d’organisation. Des tâches qui sont censées être plutôt simples deviennent très compliquées et épuisantes. C’est à peine si je ne me traîne pas jusque dans mon lit pour aller y dormir directement quand je rentre du boulot ! Les premiers jours, je me suis dit : « Non, je ne peux pas bosser là bas, c’est trop crevant, j’ai déjà donné dans ce genre de milieu ! » Et puis au final, je crois que je commence déjà à m’y attacher. Le seul souci c’est que j’ai un peu de mal à jongler entre mes cours, ma harpe, mes bijoux, mes dessins et mon job, surtout que je me lance pleins de petits projets comme un nouveau conte pour les fêtes de fin d’année, quelques concerts, un petit album de musique pour un copain, quelques commandes d’illustrations (j’ai eu ma premier commande la semaine dernière !! Oh happy day !)… Et comme je travaille le reste du temps de la maison, et bien je ne m’arrête jamais de travailler et je prends très rarement le temps de me poser et juste… de ne rien faire ! Alors en ce moment le blog est un peu passé à la trappe à mon plus grand regret.
Mais au final, après un an à galérer, je fais enfin ce que j’aime grâce au soutien de mes proches et aussi, je dois le dire, grâce à mon travail : j’ai une dizaine d’élèves en harpe qui sont toutes super chouettes (oui je n’ai que des filles), j’ai déjà des mariages de prévus pour l’année prochaine, j’ai quelques concerts en vue, je continue ma boutique de bijoux, je crée maintenant des cartes postales avec mes propres illustrations, on me demande des commandes de dessins, on me propose plein de petits projets, j’ai un job dans un endroit à 90% vegan… bref, je suis plutôt contente de ma situation, une situation que, pour une fois, j’ai enfin crée et qui me ressemble. Bien sûr, ce n’est pas tous les jours faciles, bien sûr j’ai toujours mes moments de doutes, quelques angoisses qui refont surface, des gros instants de fatigue, mais je fais ce que j’aime et ça ça n’a pas de prix ! Je le souhaite à n’importe qui !